Les Perce-Oreilles

De vrais personnages. De vraies histoires comme on n’en écrit plus assez. » (l’éditrice).

EXTRAIT :

Une nuit, le téléphone sonna longtemps avant que quelqu’un ne se lève pour aller décrocher.
Si bien que ma mère, mon père, mon frère et moi, nous nous retrouvâmes au même moment dans le couloir, devant la petite table sur laquelle reposait l’appareil. Nous nous regardâmes un peu bêtement – avec nos cheveux en pétard, nos yeux gras et nos vêtements de nuit froissés – et ce fut ma mère qui tendit la main la première, attrapa le combiné, décrocha et répondit :
« Hum hum, oui ? »
C’était souvent de sales nouvelles, les coups de fil en pleine nuit. Quelqu’un allait mal. Quelqu’un se sentait triste ou patraque ou perdu. Quelqu’un appelait à l’aide – ou l’inverse : on nous prévenait que quelqu’un n’aurait plus jamais besoin d’aide. Alors mon père se frotta la joue en regardant mon frère et mon frère se gratta les fesses en me regardant et je me grattai le derrière de l’oreille en regardant ma mère qui, elle, silencieuse et ne se grattant rien du tout, arrivait à nous regarder tous en même temps.(…)

(Extrait de la nouvelle, Le coup de la tarte)

Textes d’Éric Gilberh
Date de publication : 1er février 2006
Format : 14,7×19,7 cm
144 pages
14 euros
ISBN : 2-9521846-4-X