J’essaie de comprendre ce qu’il s’est passé ce matin au collège où j’étais invitée. D’accord, j’étais en retard, ce qui ne m’arrive… presque jamais. Alors j’étais furieuse contre moi ! J’avais confondu l’heure de la pause avec celle du début de la rencontre. J’étais fatiguée après dix jours de mouvement, de voiture, de Soissons, de Noyon, du pays des terrils, de la Somme.
Il faudrait que le Printemps des Poètes s’étale, dure doucement. Et ce printemps est tellement…
Les rosiers débourrent J’ai piqué une colère dans la bibliothèque
Je devais parler du métier d’éditrice, de la chaîne du livre et faire écrire des haïkus une classe de 6ème. Dans le papier c’était parfait, c’était faisable : les livres d’abord, la chaîne en question et puis… le haïku. Il tombait une fine bruine terriblement poignante. Et moi, eh bien… ça n’a pas marché, car la réalité est là : comment passer des chiffres d’affaires à la poésie ? Je n’ai plus envie et cela se voit, se sent, rien à faire. Je poursuis ma mue et je ne le cache pas.
Tout se passait par la fenêtre du CDI (bibliothèque) : la jonquille solitaire au fond, les petits bourgeons en explosion des rosiers, la terre sombre, et une femme qui passe une banane à la main. Nous aurions dû sortir et ne faire que ça : goûter le printemps. Les élèves ont parfaitement compris le haïku. De Nicolas, qui aime la maçonnerie :
Pousses des rosiers Quand je nettoie la truelle l’enduit réapparaît
Et dire que le thème du printemps est l’éphémère !
Eh non, justement, le thème est le présent, la vie, le plâtre qui colle à nos chaussures et notre envie de courir sur l’herbe verte pour les nettoyer… Merci à vous, qui aimez le cheval, ranger vos étagères, devenir pompière, et tant d’autres choses !
Rosiers sous la pluie Quand elle enlève son masque… son sourire enfin
Demain, je m’envole pour le Kosovo… Traverserons-nous le pont sur l’Ibar ?