Bienvenue à nos trois stagiaires collégiennes !
À peine arrivées ce lundi matin-nuit, je donne à lire à mes trois stagiaires collégiennes les haïkus bilingues reçus du Japon. Nous aurons une visioconférence avec leurs auteurs ce matin même. Je leur avais envoyé les textes hier, en leur demandant d’en choisir un pour le commenter… Avez-vous des questions ?
Pendant qu’elles lisent attentivement, je prépare une soupe de courge orange, de ma fille maraîchère, pour le repas du midi.
Les voici donc assises côte à côte sur le banc de la table de la cuisine, bien concentrées et coites (mot nouveau pour elles !). Je ne leur trouve qu’un seul défaut : aucune des trois n’aime le thé !
Il y a ce haïku, de Shihori TADANI, que Maëllie a choisi :
Dans le vent du nord
un corbeau becquète
le dernier kaki
木枯らしに鴉ついばむ残り柿
Comment interpréter un haïku ? As-tu remarqué les couleurs du poème, l’atmosphère ? Quelle portée donner à ce dernier kaki ? Y aurait-t-il un sentiment caché ?… Nous le saurons tout à l’heure.
Je leur apprends à se présenter en japonais. Nous répétons à voix haute hadjimemashite. Il faudra sourire face à la caméra, regarder attentivement la personne qui parle… et surtout bien écouter !
Comme le jour se lève, je les invite à se lever aussi pour regarder la mare par la fenêtre. Elle est gelée pour la première fois de l’année. Les feuilles jaunes en forme de virgule du saule flottent à la surface… Je leur récite le célèbre haïku sur la grenouille.
Mais où la rainette se cache-t-elle ? Les seuls habitants de la mare que l’on peut voir (et entendre !) ce matin sont les colverts et la poule d’eau.
Maëllie, Manon et Agathe vont bientôt rencontrer des poètes étrangers. Une bonne façon de démarrer un stage dans une maison d’édition. Elles savent que je ne prépare pas de nouveau livre mais qu’il y aura quand même du travail les jours qui viennent, pas seulement de l’observation. Par exemple, elles auront à lire un manuscrit reçu cet automne et rédiger un brouillon de réponse à son autrice. Comment écrire une lettre à la main, par quoi commencer, les formules, les marges…
Et comment expliquer ce qui plaît, en choisissant un texte qu’elles aiment bien, en expliquant pourquoi elles n’aiment pas tel autre… Elles auront aussi à préparer des questions pour poser à un auteur ou autrice, pour leur rapport de stage.
Je leur dis que les auteurs sont le point de départ, le tout début, de l’aventure éditoriale, le plus important !
Et bien sûr, nous sortirons pour goûter la vie dehors, le soleil qui se lève, le froid vif.
Regardez, sur le vieux prunier, un couple de tourterelles s’est posé et la lune est encore visible… C’est la définition du matin en japonais : le soleil et la lune ensemble dans le ciel.
Mais pas la peine de prendre une photo, rangez vos portables. Ecrivez plutôt !
isabel Asúnsolo, ce 12 décembre 2022