Un poème peut en cacher un autre…

Le 2 février dernier fut une journée lumineuse dont j’aimerais garder le souvenir. Mme Betraoui, prof d’histoire et organisatrice, m’accueillait dans une classe de 5èmes. Nous étions accompagnées de nos stagiaires respectifs : Gabin et Romane, ma stagiaire d’observaCtion… (photo).
Il s’agissait de faire découvrir le haïku dans le cadre d’un projet sur les monuments allemands avec Mme Cano, professeure d’allemand. Celle-ci m’avait demandé, un peu inquiète, ce que nous allions faire… J’ai répondu : Surprise ! car je ne le savais pas moi-même. Je ne sais jamais à l’avance, j’attends toujours de voir ce qui se présente. Cela dépend des élèves, de ce qui se passera dans les couloirs ou dans la cour et aussi d’autres choses comme par exemple des bribes de phrases au tableau, vestiges du cours précédent…
La première heure, en classe entière, j’ai parlé de mon goût pour le poème japonais. J’ai fait un peu le show :

Oh la la, néons …
Ouvrez vite les volets,
C’est la Chandeleur !

Eh oui, car nous étions le 2, 2, 22… Par la fenêtre, des nuages gris défilaient et la colline au fond dessinait une belle courbe, plein sud. Avec Romane, nous avions regardé la veille sur Condorcet (wikipedia) pour en savoir un peu plus sur le personnage qui a donné son nom au collège : abolitionniste, mathématicien, philosophe et… précurseur des droits d’Auteur. Romane avait aussi regardé sur mappy comment me guider depuis Beauvais, ma Picasso n’ayant pas de GPS. (C’est amusant comme les jeunes aujourd’hui lisent vite sur les écrans mais peinent sur les panneaux routiers !)

Les deux heures suivantes, nous étions en demi-groupes. Madame Cano avait travaillé sur le poème ELFCHEN : 5 lignes et 11 mots pour parler de Berlin :

Berlin (lieu, en 1 mot)
Der Reichstag (nom du monument, en 2 mots)
Es schneit stark (allusion à la saison, en 3 mots : il neige)
Die Kuppel ist groß (description, en 4 mots)
Fantastisch (expression du sentiment, en 1 mot)

Surprise ! L’Elfchen contient l’expression d’ un sentiment et un élément saisonnier… ce qui n’a pas manqué de me rappeler un poème bien antérieur au haïku, de 5 lignes aussi : le Tanka.

Eh oui, un poème peut en cacher un autre !…

Le TANKA (5 lignes et 31 syllabes) ressemble au Elfchen car il accueille, dans les dernières lignes, le sentiment du poète, élément qui n’est généralement pas présent dans le haïku.

Pour écrire ce tanka, nous sommes partis d’un haïku qui était au tableau : les 3 premières lignes (5-7-5 syllabes) auxquelles on a ajouté deux autres (7-7) sur mon sentiment ce 2 février : c’est l’anniversaire de mon amie d’enfance qui est malade et que je vais revoir bientôt…

Chandeleur à Bresles
Trois drapeaux ondulent au vent
Mon premier haïku
Comment ira mon amie
Quand je la reverrai ?

*

Lichtmess hier in Bresles
Die Fahnen wehen im Wind 
Mein erstes Haiku
Wie geht es meiner Freundin
Wenn ich sie wiedersehe ?

Collectif (trad : Mme Cano)

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